Les plus belles randonnées pédestres en Corse
La Corse,
surnommée à juste titre l’Île de Beauté, est un territoire où la nature règne
en majesté. Ses paysages contrastés, entre montagnes escarpées et littoral
sauvage, offrent un terrain de jeu rêvé pour les amateurs de randonnée. Marcher
ici, c’est traverser des siècles d’histoire, fouler des sentiers millénaires,
s’immerger dans un environnement brut, sauvage, préservé. Chaque itinéraire est
une promesse de découverte, une invitation au dépassement, un dialogue
silencieux avec les éléments. Partons ensemble sur les traces des plus belles
randonnées pédestres que la Corse a à offrir.
Le GR20, l’épine dorsale de la Corse sauvage
Le GR20, c’est un nom qui sonne comme un défi. Un chemin mythique qui relie Calenzana à Conca en traversant la Corse du nord-ouest au sud-est, sur près de 180 kilomètres. Le GR20, c’est une épreuve, une école de patience et de persévérance, une immersion totale dans la montagne corse la plus pure, la plus abrupte, la plus vraie. Il ne pardonne rien, mais il offre tout.
Sur ces
crêtes effilées, les randonneurs affrontent le vent, la chaleur, parfois la
neige tardive, les orages violents. Ils franchissent des névés, descendent des
pierriers, grimpent des parois équipées de chaînes. Ils dorment dans des
refuges sommaires ou sous la tente, partagent des repas frugaux, croisent des
regards fatigués mais heureux. Chaque étape est une victoire, chaque panorama
une récompense.
Le GR20 n’est pas pour tous. Il demande préparation, endurance, humilité. Mais ceux qui
l’ont foulé racontent tous la même chose, une émotion unique, un sentiment de
liberté totale, une communion rare avec la nature. Il est le fil rouge de la
Corse intérieure, une ligne invisible mais puissante qui relie les montagnes
aux âmes.
Le GR20 en courant, défi d’endurance, course en altitude
Courir sur
le GR20. Une idée folle, à première vue. Comment imaginer avaler au pas de
course ce sentier réputé pour sa rudesse, ses dénivelés vertigineux, ses
pierriers impraticables ? Et pourtant, chaque année, des passionnés
d’ultra-trail relèvent ce pari insensé, traverser la Corse du nord au sud, ou
du sud au nord, non plus en 15 jours, mais en quelques heures. Car le GR20,
pour eux, devient une ligne de crête à dompter, une colonne vertébrale sauvage
à franchir d’une traite, un combat contre le temps autant que contre soi-même.
Il faut être préparé. Redoutablement entraîné. Le terrain est intransigeant, racines, rochers, passages techniques, crêtes exposées. Les conditions météorologiques changent en quelques minutes, le balisage demande une concentration constante, l’effort est total. Mais les coureurs, eux, parlent d’une forme de trance. D’une expérience presque mystique. Le souffle qui se cale sur le rythme des pas, le silence du maquis, le regard qui embrasse des vallées entières. Et cette sensation unique d’appartenir, pour un temps, à cette montagne vivante.
Les Aiguilles de Bavella, cathédrales de pierre
Dans le sud de l’île, près de Zonza, se dressent les Aiguilles de Bavella. Ce massif aux allures de forteresse naturelle, sculpté par le vent et l’érosion, est l’un des plus emblématiques de la Corse. Ses pics déchiquetés, ses parois verticales, ses sentiers escarpés attirent les randonneurs aguerris comme les contemplatifs.
L’une des
balades les plus célèbres mène au "trou de la bombe", une arche
naturelle creusée dans la roche. Accessible en environ deux heures, ce sentier
à travers la forêt de pins offre une vue saisissante sur les aiguilles. Mais le
plus beau moment reste sans doute le lever du jour, quand la lumière orangée
embrase les pointes de granit, et que le silence du maquis se fait presque
sacré.
Le lac de Nino, clairière céleste
À 1743
mètres d’altitude, perché sur les hauteurs de la vallée du Niolu, le lac de
Nino semble sortir d’un rêve. Ce miroir d’eau bordé de pozzines, ces fameuses
pelouses spongieuses typiques de la Corse, offre un spectacle d’une sérénité
rare. Les chevaux y paissent en liberté, les grenouilles chantent à l’ombre des
aulnes, les nuages s’y reflètent comme dans un tableau vivant.
L’ascension vers le lac, bien que soutenue, reste accessible pour les marcheurs réguliers. Le départ se fait souvent depuis le col de Vergio, pour une randonnée d’environ trois heures à travers forêts, pierriers et clairières. L’arrivée au lac marque une pause suspendue dans le temps, un instant de pure harmonie.
La vallée de la Restonica, fresque aquatique
Non loin de
Corte, la vallée de la Restonica est un paradis pour les amoureux de l’eau et
de la roche. Cette gorge creusée par le torrent du même nom serpente au milieu
de parois abruptes, de pins centenaires et de bassins naturels.
Le sentier qui mène aux lacs de Melo et de Capitello est l’un des plus prisés de l’île. Il faut grimper, parfois s’aider de chaînes fixées dans la roche, mais chaque effort est récompensé. Le lac de Melo, rond comme une coupe de jade, et le lac de Capitello, plus austère, cerclé de falaises, offrent des paysages alpins au cœur de la Corse. Un dépaysement total, à deux pas de la ville.
Piscia di Gallu, la cascade qui murmure
Dans la
forêt de l’Ospedale, au sud de l’île, se cache l’une des plus belles chutes
d’eau de Corse, Piscia di Gallu. Accessible en une heure de marche depuis un
petit sentier forestier, cette cascade haute de 60 mètres se jette dans un
chaos de rochers, dans un grondement sourd et continu.
Le chemin qui y mène traverse une pinède aux senteurs résineuses, longe un canyon discret, puis s’ouvre soudain sur une vue vertigineuse. L’eau s’élance dans le vide, se pulvérise dans les airs, se perd dans la végétation. Le lieu, préservé, invite au recueillement. À écouter. À ressentir.
Le sentier des douaniers, la mer pour compagne
Il court le
long des rivages escarpés du Cap Corse, comme une cicatrice légère tracée entre
mer et maquis. Le sentier des douaniers, ou "chemin des contrebandiers",
reliait autrefois les petites calanques pour surveiller la côte. Aujourd’hui,
il est devenu un itinéraire de randonnée parmi les plus poétiques de Corse, une
promenade littorale qui épouse les reliefs sans jamais les brusquer.
De Macinaggio à Centuri, le chemin serpente à flanc de colline, offre des vues plongeantes sur des criques turquoise, traverse des plages oubliées, frôle les ruines de vieilles tours génoises, longe des champs de figuiers et d’agaves. L’air y est saturé de sel, de soleil, de senteurs sauvages. Par moments, on croise une tortue d’Hermann, un berger solitaire, un pêcheur à pied. Mais le plus souvent, on est seul, face à l’horizon.
Ce sentier
n’est ni difficile ni technique. Il se laisse apprivoiser. On peut le parcourir
en entier ou par tronçons, au rythme du vent. Il est une respiration, une
parenthèse douce dans le tumulte du monde. Un moment suspendu entre terre et
mer, entre ciel et silence. Marcher ici, c’est redécouvrir la lenteur, le
plaisir de l’instant, l’évidence d’un paysage intact.
Le Cap Corse, l’île dans l’île, royaume des marcheurs
On l’appelle
parfois "le doigt de la Corse". Mais le Cap,est un monde à part, une
presqu’île secrète où la Corse se révèle dans sa forme la plus brute, la plus
authentique. Ici, pas de grandes villes ni de plages surpeuplées. Seulement des
villages suspendus, des sentiers muletiers, des falaises tombant dans la mer,
des lumières qui changent à chaque heure.
Le Cap Corse offre une multitude de randonnées, du bord de mer jusqu’aux crêtes. On peut partir de Rogliano et grimper vers le Monte Stello, culminant à plus de 1300 mètres, avec vue simultanée sur les deux rivages. On peut aussi suivre les anciens chemins entre Luri, Barrettali et Pino, à travers des forêts denses et des hameaux abandonnés. Le silence y est profond, traversé seulement par le cri d’un milan royal ou le souffle du vent.
Ici, le
temps s’étire. On marche à l’écoute. Chaque détour réserve une chapelle
oubliée, une fontaine, un figuier sauvage. Le Cap Corse ne se traverse pas, il
se parcourt avec respect, comme on visite une mémoire vivante. Il est l’écrin
discret d’une Corse restée fidèle à elle-même. Un paradis pour ceux qui aiment
la marche, la solitude, et les paysages qui parlent sans bruit.
Les randonnées des lacs, miroirs d’altitude au cœur des montagnes corses
Ils
apparaissent comme des secrets révélés au terme d’un effort soutenu, dissimulés
dans l’écrin minéral des plus hautes altitudes. En Corse, les lacs de montagne
sont des trésors que seuls les randonneurs les plus persévérants atteignent.
Ils ne se laissent pas facilement découvrir. Il faut grimper, traverser des
forêts de pins laricio, franchir des torrents glacés, serpenter entre les
rochers. Mais à l’arrivée, la magie opère. Devant vous, une surface lisse et limpide
reflète le ciel, les crêtes, parfois la silhouette d’un mouflon en équilibre
sur un éperon rocheux.
Le lac de
Melo et celui de Capitello, dans la vallée de la Restonica, forment un duo
emblématique. Le premier, accessible après une montée raide mais bien tracée,
séduit par sa forme arrondie, sa teinte vert émeraude. Le second, niché plus
haut, est plus austère, plus profond, souvent bordé de névés tardifs. Il dégage
une force brute, presque minérale. Ensemble, ils composent un itinéraire
inoubliable, au départ de Corte.
Plus au
nord, le lac de Nino, posé à plus de 1700 mètres d’altitude, se distingue par
son décor pastoral, pozzines humides, chevaux en liberté, ciel immense. Dans
les régions du Niolu ou de l’Alta Rocca, d’autres joyaux aquatiques se cachent,
lac de Creno, de Goria, ou encore de l’Oriente. À chaque fois, le même
enchantement. Le même silence. La même émotion.
Ces
randonnées comptent parmi les plus belles de Corse. Car les lacs, là-haut, sont
bien plus que de simples points d’eau. Ils sont des lieux suspendus, des
espaces de contemplation. Des invitations à ralentir. À écouter. À respirer.
La Corse ne
se traverse pas. Elle se découvre. Elle se mérite. Ses sentiers ne sont pas des
routes toutes tracées, mais des invitations à l’humilité, à la contemplation, à
l’émerveillement. Chaque pas est une rencontre, avec un paysage, un souvenir,
un souffle. Chaque randonnée est un fragment d’histoire, un éclat de beauté, un
hommage discret à cette terre indomptée.
Du GR20 aux rivages du Cap Corse, des cascades aux lacs d’altitude, des aiguilles minérales aux forêts denses, l’île offre à ceux qui la foulent une richesse infinie. En Corse, marcher n’est jamais un simple déplacement. C’est une façon de regarder. De ressentir. De vivre.
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